Les medias privés européens demandent à la sphère politique de préserver la viabilité des contenus créatifs
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Bruxelles, le 30 juin 2010 – Aujourd’hui, les représentants du secteur européen des médias privés, comprenant l’Association des Télévisions Commerciales Européennes (ACT), l’Association Européenne des Radios (AER), le Conseil des Editeurs Européens (EPC), l’Association Européenne des Agences de Communication (EACA), l’Association des Régies Publicitaires pour les Télévisions et les Radios (egta), l’Association Européenne des Editeurs de Journaux (ENPA), l’Association Européenne des Editeurs de Magazines (FAEP) et l’Association Mondiale des Annonceurs (WFA), se sont réunis à Bruxelles pour discuter du futur des médias en Europe.
A l’occasion de cette première conférence commune au Parlement Européen sous le titre « Révolution des Médias Européens – Préservons la Viabilité du Secteur », les associations ont appelé les autorités administratives et politiques à établir un environnement législatif assurant le soutien, aujourd’hui et pour le futur, de médias libres, indépendants, pluriels et dynamiques. L’hôte de la conférence était Mme Mary Honeyball, député européenne socialiste du Royaume-Uni. Quant au panel d’intervenants, il était composé de dirigeants du secteur des médias privés, de députés européens, d’un expert de PricewaterhouseCoopers et de Neelie Kroes, Vice-présidente de la Commission européenne et Commissaire en charge de la Stratégie Numérique.
Dans un contexte actuel mouvementé, la publicité demeure la source principale de revenus pour l’industrie des contenus, permettant ainsi de garantir une production de qualité et de protéger l’indépendance des médias. Ces éléments sont essentiels pour préserver le rôle des médias pour la démocratie. L’industrie des médias recherche constamment des solutions pour maintenir les revenus issus de la publicité afin de maintenir des coûts raisonnables de production des contenus européens. Ces contenus sont assez appréciés des consommateurs pour qu’ils passent du temps à les regarder ou même qu’ils payent pour en avoir accès.
Dans le cadre des débats sur la Stratégie Numérique et sur la création d’une Union Européenne concurrentielle telle que décrite dans la Stratégie Europe 2020, les associations soussignées appellent les hommes et femmes politiques à prendre en compte les éléments suivants :
- Les médias jouent un rôle crucial pour la démocratie en informant les citoyens sur la politique, l’économie, la société et la culture, en les distrayant et connectant les téléspectateurs, les auditeurs et les lecteurs.
- La publicité finance la présence de médias multiples et variés. Un contenu de bonne qualité nécessite des investissements importants, et, sans publicité, de nombreux médias dans le monde n’existeraient pas. –
- L’autorégulation est le garant d’une publicité responsable en Europe. Les consommateurs sont protégés par le biais des systèmes d’autorégulation établis aux niveaux national comme européen dans tous les Etats Membres de l’Union Européenne.
- Les relations étroites entre les médias et la publicité profitent aux industries européennes de contenus créatifs. Plus de 63% du temps de programmes des télévisions radiodiffusés en Europe sont dédiés à des productions européennes et plus de 36% à des contenus créés par des producteurs européens indépendants.
De même, la presse quotidienne et périodique européenne fournit du contenu de qualité à ses lecteurs sur des aspects utiles de la vie de tous les jours. Les radios privées constituent un réseau exceptionnel de petites et moyennes entreprises, contribuant à la diversité culturelle, à la pluralité des médias, à l’accès à la création, et à l’intégration sociale, disponible partout et d’accès gratuit. - Une règlementation disproportionnée de la publicité, des interdictions de la publicité pour certains produits, ou l’obligation de pratiques publicitaires (telles que l’ajout d’informations obligatoires comme les mentions légales) conduiront au déclin des revenus de tous les médias en Europe. Le cadre législatif doit refléter les évolutions technologiques, et permettre à ce marché complexe de fournir aux consommateurs les services et le contenu qu’ils désirent.
S’exprimant lors de la conférence, Philippe Delusinne, Président de l’ACT et PDG de RTL Belgique, a dit : « Notre vision de l’Europe Numérique est celle d’une Europe où le contenu professionnel – information, sport, oeuvres de fictions, films – conserve son rôle central dans le monde des médias et du divertissement. C’est aussi, je pense, la vision de la plupart des hommes et femmes politiques. C’est avant tout celle que préfèrent les citoyens européens : ils regardent 222 minutes de contenus professionnels par jour. Afin de façonner l’économie digitale que nous défendons, il faut encourager les entreprises privées à gagner de l’argent via la vente de publicités et à prendre ensuite le risque de réinvestir leurs revenus dans du contenu. »
Selon Olivier Fleurot, Président de l’EACA et PDG du Groupe MS&L : « Le grand défi d’un point de vue publicitaire réside dans le remplacement progressif du modèle traditionnel de marketing « push » par les conversations générées par le biais des médias sociaux. Il s’agit d’une approche ascendante (bottom-up) et non pas descendante (topdown). La perception des marques est influencée tant par ces conversations que par les campagnes traditionnelles.
Pour être performants, les publicitaires doivent changer leur manière de se présenter : ils doivent être sincères, authentiques, éviter par exemple l’écoblanchiment. En tant qu’agences, nous avons un double rôle – le premier est clairement quantitatif, puisque nous fournissons, au nom de nos clients, des revenus publicitaires aux médias. D’un point de vue plus important peut-être, les agences doivent aussi s’assurer que l’aspect qualitatif de leur travail reflète les nouvelles demandes du public.
Certains thèmes, comme le développement durable, sont essentiels pour les consommateurs, et obligent les entreprises à réinventer leurs produits, leurs services, et leurs publicités. Les agences doivent conseiller leurs clients en matière de RSE et sur la façon de communiquer dans un monde numérique. »
Nikos Gouraros, Vice-président-OPA Europe, Directeur du Développement Commercial-Unité Digital Media Business, Lambrakis Press SA, représentant les associations des éditeurs de journaux et magazines ENPA, EPC et FAEP, a souligné : « Afin de maintenir à travers l’Europe une presse libre, indépendante, multiple et dynamique, nous avons besoin de modèles économiques durables. Aujourd’hui au moins 50% des revenus de la presse imprimée proviennent de la publicité, le reste provenant du prix de vente de la publication. Sur internet, le modèle économique est plus difficile à établir, étant donné qu’il est moins courant de payer pour accéder à du contenu en ligne que pour accéder à du contenu imprimé.
Cette tendance peut changer mais, pour l’instant, les entreprises qui dépendent seulement de la publicité pour leurs revenus sur le net sont forcées de compter quasiment à 100% sur la publicité pour être rentables. La presse est extrêmement vulnérable économiquement car les revenus publicitaires pour la presse en ligne sont loin d’atteindre des niveaux suffisants pour financer une entreprise d’édition viable.
C’est pourquoi j’espère fortement que les décideurs politiques à Bruxelles n’affaiblissent pas le dynamisme de la presse en Europe en introduisant des interdictions ou des restrictions publicitaires. »
Stefan Möller, Vice-président de l’AER, et Directeur Général de RadioMedia en Finlande a rappelé: « La radio en ondes hertziennes a une audience quotidienne exceptionnelle dans tous les Etats membres de l’Union Européenne : entre 60 et 85% de la population de l’Union Européenne en moyenne écoutent la radio au moins 2 à 3 heures par jour. Les radios privées ne peuvent diffuser leurs programmes en accès gratuit à des millions de citoyens européens que par le biais de leurs revenus publicitaires.
A ce jour et dans un futur envisageable, le seul modèle économique viable pour les radios est la radiodiffusion en mode analogique sur la bande FM de programmes en accès gratuit. C’est donc la publicité qui fait de la radio un média intime et familier aujourd’hui, et c’est la publicité qui assurera son développement numérique. »